La suppression de l’Ordre National des Infirmiers (ONI) : un contre sens pour la sécurité des patients
Mais que s’est-il passé dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 avril dernier pour qu’une poignée de députés s’autorisent à mépriser ainsi toute une profession de santé de 618.000 infirmiers ? Mais que s’est-il passé pour qu’ils méprisent ainsi 8 années de recherche de la responsabilisation, en prenant la décision de supprimer un Ordre professionnel garantissant la déontologie de la profession d’infirmiers, dans un hémicycle quasiment vide ?
Cette décision montre l’incohérence de nos décideurs qui n’hésitent pas à parler de qualité et sécurité des soins, mais qui pour autant suppriment un Ordre ayant vocation à défendre et garantir une profession au cœur de la production de soins. Certes, l’ONI a rencontré des difficultés dans sa mise en place, mais a su réagir, et ce sont aujourd’hui plus de 168.000 infirmiers diplômés d’Etat qui sont concernés.
Est-on en train de nous dire que notre future loi de santé et ses enjeux, qui d’ailleurs n’ont jamais autant fait débat (rappelez-vous la manifestation du 15 mars), se jouent entre les mains de seulement 29 députés ? Il est vrai que la généralisation du tiers payant n’en a mobilisé que quarante. Est-ce sérieux ? Au nom de quoi doit-on considérer qu’une profession de santé n’a pas besoin d’Ordre ? Il représente tout simplement le deuxième Ordre professionnel de santé sur les sept qui existent en France. Pourquoi alors ne pas supprimer l’ordre des médecins ? Et pourquoi avoir supprimé les amendements concernant l’ordre des Masseurs Kinésithérapeutes et l’ordre des pédicures-podologues, après le vote de suppression de l’Ordre des Infirmiers ?
L’Ordre National des Infirmiers défend au quotidien la sécurité de tous, dans les hôpitaux et cliniques toujours prompts à vouloir employer du personnel non diplômé, pour les payer moins. L’ordre se bat pour la suppression de l’amendement 30 bis visant à autoriser à des personnels non soignants d’effectuer des actes invasifs et d’administration de substances vénéneuses à des enfants et des adolescents en dehors de tout contrôle par les professionnels.
Voici un exemple concret qui montre que l’Ordre défend la sécurité des soins et le métier d’infirmier. La même nuit, on vote sa suppression.
Alors oui, disons-le haut et fort, cette décision prise, alors même que le gouvernement s’y opposait, ressemble à un « mauvais coup » ourdi par un quarteron de représentants du Peuple, probablement fatigués, et qui n’ont pas compris le rôle et les missions d’un Ordre professionnel. Leurs arguments sont tout simplement irrespectueux de la profession d’infirmières et d’infirmiers qui s’engagent chaque jour pour nous garantir des soins de qualités. D’autant que certains députés ayant voté cette suppression ont fait la preuve de la non maitrise du dossier sur les réseaux sociaux par la suite.
En supprimant l’Ordre National des Infirmiers ce ne sont pas seulement les soignants que l’on pénalise, mais surtout les patients à qui l’on refuse l’accès à une profession compétente, autonome et responsable, prodiguant des soins de qualité, dans des conditions sécurisées et encadrées par une déontologie.
Supprimer l’Ordre c’est effectuer un retour de dix ans en arrière. Qui à présent va garantir l’éthique et la déontologie encadrées par l’Ordre ? L’Etat ? N’est-ce pas là le gage de l’entrée dans un régime de santé encore plus étatique où l’indépendance et l’autonomie ne seraient plus d’actualité ?
Un grand nombre d’organisations professionnelles s’unissent pour exprimer et faire entendre leur consternation et appellent, maintenant, les sénateurs à ne pas laisser passer cet amendement qui constitue une véritable régression de l’assurance de qualité des soins.
AEEIBO: Association des Enseignants et des Ecoles d’infirmiers de Bloc Opératoire
AFDS : Association Française des Directeurs de Soins
AFET : Association Française des Enterostoma-Thérapeutes
AFIC : Association Française des Infirmier(e)s de Cancérologie
ANPDE : Association Nationale des Puéricultrices (teurs) Diplômés et des Etudiants
ANDEP : Association Nationale des Directeurs d’Ecoles Paramédicales
ANFIIDE : Association Nationale Française des Infirmières et Infirmiers Diplômés et Etudiants
ASI : Académie des Sciences Infirmières
CEEPAME : Comité d’Entente des Ecoles Préparant aux Métiers de l’Enfance
CEEIADE : Comité d’Entente des Ecoles d’Infirmiers Anesthésistes Diplômés d’État
CEFIEC : Comité d’Entente des Formations Infirmières et Cadres
CIF : Collège Infirmier Français
CNI : Coordination Nationale Infirmière
SIDERAL Santé : Structure Inter Disciplinaire Et Regroupement d’Acteurs Libéraux de Santé
SNPI : Syndicat National des Professionnels Infirmiers
UNAIBODE : Union Nationale des Associations d’Infirmiers de Bloc Opératoire Diplômés d’Etat